Casbah éditions
Al-Qaïda au Maghreb islamique : Contrebande au nom de l'islam
Francis Jeanson, un intellectuel en dissidence
Tel qu’il se présente, le livre de Marie-Pierre Ulloa sur Francis Jeanson intéresserait essentiellement le public français averti des problèmes philosophiques qui ont nourri les controverses ou les débats de l’après-guerre. De l’après-Seconde guerre mondiale. Controverses et constitution des différents courants regroupés -en dehors de l’université- autour des grandes figures de Sartre, de Mounier et de revues prestigieuses -Esprit ; les Temps Modernes ; Critique de G. Bataille. Pour le spécialiste algérien des questions d’édition et de formation de l’intelligentsia -ou pour le simple curieux- toute la première partie du livre présente un intérêt incontestable pour les informations qu’elle contient sur les mécanismes de «fabrication» des lignes éditoriales d’au moins une maison d’édition : Le Seuil qui nous reste proche à plusieurs titres. Cette première partie éclairera certainement beaucoup de non spécialistes sur les polémiques entre Jeanson et Sartre, d’une part, et Camus, d’autre part. L’engagement de Francis Jeanson dans le soutien à la lutte du peuple algérien ne survenait pas par hasard. En nous restituant son long itinéraire, l’auteure nous restitue les cheminements d’un homme habité par l’exigence de conformer ses actes à ses paroles, d’un homme hanté par la question de la conséquence. Tout au long de ce livre, nous découvrons un homme d’une conséquence absolue que même sa grave maladie –une tuberculose têtue– ne détournera pas de son impératif moral auquel, peut-être, l’avait préparé une lecture et une passion précoces pour E. Kant. Vous découvrirez les détails de sa vie en lisant le livre
PRIX 600 DA
«C’est en l’an de grâce 1938 et le 6 janvier que je vois le jour lorsque le monde est à la porte de la Deuxième Guerre mondiale. Cinq années après, ma mère meurt en mettant au monde ma deuxième sœur. Un an après, c’est au tour de mon père de mourir et nous voilà orphelins de père et de mère…»
Ce sont là les premières phrases du roman autobiographique entamé en 2001 par feu El-Hachemi Guerouabi et qu’il n’aura hélas pas le temps d’achever. Huit ans plus tard, ce roman finira quand même par voir le jour grâce à Chahira, sa dernière épouse, avec la collaboration de l’écrivaine Catherine Rossi. De sa petite enfance à Belcourt à ses premiers pas dans la musique en passant par ses années d’exil forcé en France, pour cause de terrorisme, sans oublier les passions que déchaînait chacune de ses apparitions publiques, la vie du célèbre interprète de El Barah se déroule mot après mot, phrase après phrase, chapitre après chapitre. Allo allo, El Haraz, Qahwa wa latay, Youm el djemaâ, Megouani sahrane… de larges refrains de ses plus belles qaçayed sont transcrites en français et en arabe, faisant de cet ouvrage un recueil poétique. On y retrouve également les témoignages de ses plus proches amis ainsi que ceux d'anonymes, en particulier des femmes toutes amoureuses de son physique d'Apollon, de sa voix éraillée et profonde, de son charisme et de cette sorte d’aura qui se dégageait de son être. Le côté intimiste est très présent ; Chahira, son épouse, nous livre des tranches de vie qui ont été marquées par le sceau du bonheur et parfois de la tourmente. Elle revient sur les circonstances de sa rencontre avec le cheikh. C’était à Paris lors de son anniversaire (à elle). «(…)Nos regards se croisaient et s’échangeaient… C’était… un conte de fée !… Je craignais fort qu’il ne m’oublie. Mais la soirée terminée, il a voulu me revoir. Peu à peu, nous n’allions plus nous quitter. Et les douze dernières années de sa vie, je fus à ses côtés»
La septième Wilaya, la guerre du FLN en France
Le second front de la guerre d'indépendance
Il y a quarante-six ans, un événement marquant de la guerre d'indépendance, qui fit la une des journaux d'Europe, semble tomber dans l'indifférence de l'oubli, notre histoire récente mal transmise ou volontairement occultée passant sous silence certains de ses glorieux épisodes.
En cette nuit du 25 août 1958, s'ouvrait en France le « second front » de la guerre d'Algérie. Et pendant plus d'un mois, une véritable guerre clandestine secoua le sol français. Des commissariats, des casernes, des centrales à gaz furent attaquées, le pétrole algérien extrait à Hassi Messaoud brûlait dans les vastes dépôts de l'étang de Berre... Avant que le temps qui passe n'efface de la pensée collective, les actions d'éclat de ces hommes et femmes anonymes qui arrachèrent notre liberté, n'est-il pas juste d'évoquer leur sacrifice ? Et au risque de froisser la modestie des vivants et la mémoire des disparus, ne convient-il pas de les citer nommément, pour éviter que l'ombre, qui les recouvre aujourd'hui, ne leur conteste à jamais la place qui leur revient. Car les héros ne sont pas toujours ceux que l'on hisse sur le pavois(1). Le 22 août 1958 se tient à Sceaux, dans la banlieue sud de Paris, la réunion ordinaire mensuelle de la direction du FLN en France. Y participent : Saïd Bouaziz, Ali Haroun et Kaddour Ladlani représentant le Comité fédéral. Moussa Kebaïli, Mohamed Haddad, Amor Ghezali et Ahmed Benattig dit « J3 » sont les chefs des quatre wilayas. Mais cette fois-ci l'ordre du jour de la réunion pour l'examen mensuel des rapports organiques et financiers comporte également l'ultime vérification du dispositif, avant l'heure H. Tout est au point. Aucun imprévu n'a perturbé le programme établi à Cologne un mois plus tôt. On confirme le planning et on se sépare. Le compte à rebours commence.